1 Introduction aux agents et systèmes multi-agents
1.2 Principes généraux d'agents et SMA

1.2.3 Communications et actes de langage

Les communications, dans les SMA comme chez les humains, sont à la base des interactions et de l'organisation. Une communication peut être définie comme une forme d'action locale d'un agent vers d'autres agents. Les questions abordées par un modèle de communication peuvent être résumées par l'interrogation suivante : qui communique quoi, à qui, quand, pourquoi, et comment ?

  1. Pourquoi les agents communiquent-ils ? La communication doit permettre la mise en œuvre de l'interaction et par conséquent la coopération et la coordination d'actions.
  2. Quand les agents communiquent-ils ? Les agents sont souvent confrontés à des situations où ils ont besoin d'interagir avec d'autres agents pour atteindre leurs buts locaux ou globaux. La difficulté réside dans l'identification de ces situations. Par exemple, une communication peut être sollicitée suite à une demande explicite par un autre agent.
  3. Avec qui les agents communiquent-ils ? les  communications peuvent être sélectives sur un nombre restreint d'agents ou diffusées à l'ensemble des agents. Le choix de l'interlocuteur dépend essentiellement des accointances de l'agent (connaissances qu'a l'agent sur  les autres agents ).
  4. Comment les agents communiquent-ils ? La mise en œuvre de la communication nécessite un langage de communication compréhensible et commun à tous les agents. Il faut identifier les différents types de communication et définir les moyens permettant non seulement l'envoi et la réception de données mais aussi le transfert de connaissances avec une sémantique appropriée à chaque type de message.


Actes de langage

La théorie des actes de langage est une théorie de la communication fondée dans les années 1960 par le philosophe J.L. Austin (Austin, 1962). Elle fut développée sous l'instigation de L. Searle (Searle, 69). Le postulat à la base de la théorie affirme que la production d'un énoncé s'assimile à l'accomplissement d'actions : si agir c'est transformer l'état des choses, parler c'est, également, transformer l'état mental des interlocuteurs. Une conséquence de ce postulat est qu'il doit être possible d'identifier les constituants élémentaires de la communication. Ceux-ci sont appelés actes de langage.

J.L. Austin s'est intéressé aux différents types d'actes de langage que constituent les actions intentionnelles effectuées au cours d'une communication. Il distingue trois types d'actes de langage : actes locutoires, actes illocutoires et actes perlocutoires.

  • Les actes locutoires se rapportent à la formulation d'un énoncé. Ces actes sont satisfaits lorsque l'énoncé est correctement formulé.
  • Les actes illocutoires désignent l'action effectuée sur l'auditeur lors de la formulation de l'énoncé (e.g., donner un ordre, poser une question). Ils sont accomplis avec succès lorsque l'effet attendu sur auditeur est obtenu (e.g., un ordre exécuté, réponse à une question).
  • Les actes perlocutoires rapportent aux conséquences indirectes visées par les actes locutoires et illocutoires.  Ils ne sont pas codés dans l'énoncé et dépendent du contexte dans lequel s'effectue la communication.  Ils sont satisfaits lorsqu'ils sont reconnus par l'auditeur (e.g.  convaincre, faire croire, etc.).

En tant qu'objet d'étude, la théorie des actes de langage se présente en trois points:

  • répertorier et proposer une taxonomie des différentes formes d'actes,
  • définir un formalisme d'expression et de manipulation des actes (langage de communication),
  • étudier les liens entre les actes et leurs sémantiques en terme de modification d'état mental.
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Politechnica University of Bucharest - 2002