1. Introduction aux agents et systèmes multi-agents
1.2 Principes généraux d'agents et SMA
1.2.2 Interactions
Une des principales propriétés de l'agent dans un SMA est
celle d'interagir avec les autres agents. Ces interactions sont généralement
définies comme toute forme d'action exécutée au sein
du système d’agents et qui a pour effet de modifier le comportement
d'un autre agent. Elles permettent aux agents de participer à la
satisfaction d'un but global. Cette participation permet au système
d'évoluer vers un de ses objectifs et d'avoir un comportement intelligent
indépendamment du degré de complexité des agents
qui le composent.
En général, les interactions sont mises en œuvre par un
transfert d'informations entre agents ou entre l'environnement et les
agents, soit par perception, soit par communication. Par la perception,
les agents ont connaissance d'un changement de comportement d'un tiers
au travers du milieu. Par la communication, un agent fait un acte délibéré
de transfert d'informations vers un ou plusieurs autres agents. L'interaction
peut être décomposée en trois phases non nécessairement
séquentielles (Chaïb-draa, 1996) :
- la réception d'informations ou la perception d'un changement,
- le raisonnement sur les autres agents à partir des informations
acquises,
- une émission de message(s) ou plusieurs actions (plan d'actions)
modifiant l'environnement. Cette phase est le résultat d'un raisonnement
de l'agent sur son propre savoir-faire et celui des autres agents.
Le degré de complexité des connaissances nécessaires
pour traiter les interactions dépend des capacités cognitives
(de raisonnement) de l'agent et du fait que l'agent a connaissance ou
non de l'objectif du système global. En effet, un agent qui poursuit
un objectif individuel au sein du système comme c'est le cas pour
les agents dits réactifs ne focalise pas son énergie pour
interagir avec les autres même s'il y est amené. Par contre,
un agent qui participe à la satisfaction du but global du système
tout en poursuivant un objectif individuel, va passer une partie de son
temps à coopérer ou à se coordonner avec les autres
agents. Pour cela, il doit posséder des connaissances sociales
qui modélisent ses croyances sur les autres agents.
Situations d'interaction
Au sein des SMA, la communication est souvent l'un des moyens utilisés
pour échanger des informations entre agents (e.g., plans, résultats
partiels, buts, etc.). La capacité de communiquer et, par conséquent,
de coopérer des agents s'appuie sur un fond commun d'aptitudes
aussi complexes que la perception, l'apprentissage, la planification et
le raisonnement. On retrouve ainsi dans la résolution de problèmes
des situations d'interaction et des stratégies coopératives
non déterministes, difficiles à interpréter et parfois
non complètement reproductibles. L'équilibre entre l'autonomie
des agents, dotés d'un comportement plus ou moins intelligent,
et la convergence vers un objectif global caractérise l'interaction.
L'interaction constitue donc un niveau d'abstraction supérieur
à la notion de communication et d'action. Le problème est
alors de savoir combiner ces éléments (communications et
actions) afin de coordonner et de contrôler les échanges entre
plusieurs agents pour avoir un comportement collectif cohérent
du système.
Plusieurs types d'interaction ont été définis et
analysés à travers divers composantes (Ferber, 1995). Ferber
donne une classification des situations d'interaction abordée selon
le point de vue d'un observateur extérieur. Cette classification
présente les différentes situations d'interaction que l'on
retrouve en fonction des objectifs des agents (compatibles ou incompatibles),
des ressources dont ils disposent (suffisantes ou insuffisantes) et de
leurs compétences pour la résolution d'un problème.
Buts |
Ressources |
Compétences |
Situation |
Compatibles |
Suffisantes |
Suffisantes |
Indépendance |
Compatibles |
Suffisantes |
Insuffisantes |
Collaboration simple |
Compatibles |
Insuffisantes |
Suffisantes |
Encombrement |
Compatibles |
Insuffisantes |
Insuffisantes |
Collaboration coordonnée |
Incompatibles |
Suffisantes |
Suffisantes |
Compétition individuelle pure |
Incompatibles |
Suffisantes |
Insuffisantes |
Compétition collective pure |
Incompatibles |
Insuffisantes |
Suffisantes |
Conflits individuels pour des ressources |
Incompatibles |
Insuffisantes |
Insuffisantes |
Conflits collectifs pour des ressources |
Il aboutit ainsi à une première typologie des situations
d'interactions : indépendance, collaboration simple, encombrement,
collaboration coordonnée, compétition individuelle pure,
compétition collective pure, conflit individuel, conflits collectifs.
Le tableau met en évidence l'influence de trois critères
(objectifs, compétences, ressources) sur la situation d'interaction
induite. En l'occurrence, la compatibilité des objectifs induira
des situations de coopération dès que les ressources ou
les compétences sont insuffisantes.
Cette classification permet de distinguer des situations d'interaction.
En revanche, elle ne propose pas de moyens aux agents pour détecter
le type de situation dans laquelle ils se trouvent ainsi que leur besoin
de coopérer.
Ces différentes situations d'interaction peuvent être affinées
en décrivant d'autres paramètres beaucoup plus détaillés
tels que la reconnaissance des buts communs, les désirs, les croyances,
etc. Les situations d'interaction peuvent ainsi être analysées
de manière hiérarchique. En effet, une situation d'interaction
complexe est composée de situations plus élémentaires.
On peut ainsi distinguer des macro-situations d'interaction qui sont caractéristiques
d'une analyse globale de l'activité d'un ensemble d'agents et des
micro-situations qui se situent à un niveau de détail plus
fin.
Dans (Chaïb-draa, 1996), est proposé un modèle qui intègre
à la fois le niveau réactif et le niveau cognitif d'un agent
permettant de différencier les comportements selon les situations
observés habituellement dans les environnements multi-agents :
les situations routinières, les situations familières, et
les situations non-familières (ou de crise). Le comportement d'un
agent face à différentes situations de décision se
résume par les phases suivantes : Tout d'abord, l'agent perçoit
une ou plusieurs informations venant de son environnement. Cette information
le pousse soit à agir si elle est directement perçue sous forme
d'action, soit à planifier si elle est perçue comme une tâche ou
un but. Si en revanche, l'information n'est perçue sous aucune de ces
deux formes, l'agent doit alors identifier ou reconnaître la situation
relative à l'information perçue qui peut être identifié
en terme d'action ou de but. Enfin, si l'agent est face à une ambiguïté
(situation inhabituelle), alors il doit prendre des décisions qui
doivent l'amener à s'engager dans une action ou un but donné.
Les situations citées plus haut ne peuvent être considérées
comme des situations d'interaction car elles sont locales aux agents (une
situation telle qu'elle est définie est propre à un agent
et peut être perçue différemment par d'autres agents). Ces
situations permettent donc de définir le comportement d'un agent
et son évolution dans son environnement.
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